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Nouvelle « Culturalisation » du Monde : « L’Economie Mauve »

Dans notre ouvrage sur « Socialité et Zeitgeist : la fin d’une épistémè », (éd. Sotumédias, 2021), nous avancions que : « Le monde des idées bouge, transmute, se nie, se rétracte, se contredit, s’oppose et se décline. Lesquels signes tangibles ramènent à ce q

Pr. Dr. Mohamed ZINELABIDINE - Directeur de la Culture et de la Communication à l’ICESCO - Centre des Politiques Holistiques

ue la liberté de penser et d’opiner fait surgir, laisse croire et argumenter… Et d’aucuns continuent d’annoncer la fin de la modernité occidentale, en y réservant suspicion et doute. Pour d’autres, c’est la fin de la sociologie et l’avènement de la socialité. Fin d’épistémè ou épilogue d’intellectuels, la postmodernité continue de poser, entre chercheurs et penseurs, un questionnement loin d’être tranché ou résolu, sur les plans terminologique, conceptuel, de définition de contenu et d’acception. Il y a lieu d’en apprécier la portée « culturelle», les déclinaisons méthodologiques et les conséquences multiples, entre sociologie, socialité, géopolitique, modernité, postmodernité et hypermodernité… »

De la même manière que le débat est posé entre « Sociologie » et « Socialité », un autre semble prendre le pas aujourd’hui, entre « Culture » et « Culturalisation ». Pour le XXIème siècle, je ne cesserai d’entonner qu’il sera éminemment culturel ou ne sera pas. Alors que l’ouvrage cité plus haut pose un problème épistémique sur des formes de subjectivisation, à travers la culture et ses inévitables impacts, la « Culturalisation » pose un débat d’un ordre économique dont celui de « l’Economie mauve » qui semble, de plus en plus, ériger celle-ci en levier d’action pour un écosystème vital, complémentaire et transversal, au regard de l'adaptation qu’elle crée dans un monde bouleversant de valeurs, lui-même bouleversé par le présent. Un fondement qui vient compléter ou renforcer l’Economie culturelle digitale, les Industries créatives, l’Economie culturelle solidaire et sociale, le tourisme culturel durable, la valorisation du patrimoine, les arts et métiers, le graphisme, le gaming, les médias traditionnels et électroniques… Et pour ce, la Culture devient « Economie et source de vie », pour un projet d’entreprenariat où la « Culturalisation » joue, par l’entremise de l’économie mauve, un rapport tripartite ; horizontal, vertical et transversal. Il revient de rappeler ici que la « Culture » autant que la « Culturalisation », par leurs diversité et adaptation à l’histoire, à la géographie, au territoire, à l’environnement local, régional, national et mondial… se retrouvent catalyseurs de changements sociaux, de modes de croissance, de redistribution des richesses, de l’intelligence créative et des nouveaux modes de consommation. L’attrait culturel s’impose par le substrat culturel à créer et à produire autrement, par son biais, en fonction des terroirs et territoires inspirants. « L’Economie mauve » puise dans la dimension culturelle locale, régionale mais à grande distribution, à titre s’exemple, où le patrimoine immatériel est réinventé par l’art culinaire, le savoir-faire artisanal, l’art créatif, l’art décoratif, l’architecture, de l’emprunt aux arts du quotidien que la référence culturelle, l’esthétisation, la singularité, le particularisme, l’histoire, la forme et l’usage déploient quotidiennement pour en attirer autant l’attention que l’intérêt. Tandis que pour la dimension verticale, parallèlement à la « Culturalisation géographique », la demande croît par une production de qualité des biens et des services, où entrepreneurs et investisseurs font désormais appel à de grands architectes, designers, graphistes pour marquer la différence de l’offre et insister sur l’élément culturel référentiel qui en porterait, à la fois, le signe et l’emblème. Enfin, l’approche transversale, en terme de production des biens et services culturels, sans l’omettre, elle demeure le noyau dur de « l’Economie mauve ». Elle concerne 3,3 % du PIB en Europe, et peut atteindre 6,3 %, ce qui rend la « Culture », par l’idée comme par la pratique, un continuel levier méthodologique, par les enjeux symboliques et matériels qu’elle pose, et la double approche qu’elle suscite, à la fois holistique et comparée.


« L’Economie mauve », par son impact culturel, n’est pas sans rappeler d’autres économies ; l’économie verte, au regard de la dimension écologique ; l’économie sociale, en rapport à l’aspect solidaire ; l’économie numérique, portée par la révolution digitale... Elle a donc vocation à constituer le pilier d’une transition « qualitative », et non pas seulement quantitative, dès lors que la culture se définit par l’environnement dont puisent les agents économiques pour innover et pérenniser leurs activités productrices. Loin d’être considérée comme un luxe, une marge, une excentricité, la Culture renaît source d’inspiration au cœur et au sens de la vie. « L’Economie de la vie », par le bais de la «Culturalisation», en est l’articulation vertueuse, sans instrumentalisation de l’une ni stigmatisation de l’autre. Pour l’« Economie mauve », l’« Economie de la vie », la « Culture » se choisit la couleur de la créativité et de l'imaginaire, entre particularisme patrimonial local et internationalisation, ce qui fait résolument croire qu’elle est en voie de s’imposer à l’ensemble les domaines de la création et de l’innovation, sans exclusive, matériels et immatériels, et ce que d’aucuns anticipent déjà comme étant la marche de la Culture vers la « Culturalisation », au moyen de la « Révolution mauve », celle de « l’Economie mauve », impulsée par ce recours essentiel à la Culture.


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