Lumière sur la femme Tunisienne : De Tawhida Ben Cheikh aux Étoiles d'aujourd'hui, un pont entre Médecine et Art

Réseau International Des Chaires ICESCO Pensée, Patrimoine, Lettres Et Arts

GROUPE DE RECHERCHE SUR " LA PENSÉE ET LA CRÉATIVITÉ DES FEMMES DANS LE MONDE ISLAMIQUE "

Dr. Rim FOUGHALI

Médecin

Artiste interprète

→ Biographie :

Tunisienne, Docteur Rim Foughali est Médecin Référent dans une industrie pharmaceutique. Elle détient également plusieurs certifications en leadership, management, coaching et communication. Passionnée par la musique elle s'engage dans la chanson et est interprète de deux chansons par lesquelles elle entame son propre répertoire. Elle aspire à faire avancer de paires sa carrière de médecin  et celle de chanteuse.

L’émancipation de la femme tunisienne constitue l’un des processus sociaux et culturels les plus marquants de l’histoire contemporaine de la Tunisie. Héritière d’une tradition réformiste et moderniste, la société tunisienne a progressivement accordé à la femme une place centrale dans la vie publique, économique et intellectuelle du pays. Ce mouvement, amorcé bien avant l’indépendance, s’est consolidé au fil des décennies pour devenir l’un des piliers de l’identité nationale tunisienne moderne.

Dès le début du XXᵉ siècle, des figures intellectuelles telles que Tahar Haddad ont plaidé pour la reconnaissance des droits fondamentaux des femmes dès les années 30. Ces réflexions novatrices ont ouvert la voie à une prise de conscience collective sur la nécessité d’émanciper la femme de la tutelle patriarcale et de lui garantir un statut égalitaire.

L’année 1956 marque un tournant historique avec la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), quelques mois après l’indépendance. Ce texte législatif, d’une portée révolutionnaire dans le monde arabe et musulman, abolit la polygamie, instaure le mariage civil et reconnaît le droit au divorce judiciaire pour les femmes. Ces réformes, impulsées par le président Habib Bourguiba, ont profondément transformé la structure familiale et consolidé la place de la femme en tant que citoyenne à part entière.

Au cours des décennies suivantes, la femme tunisienne s’est progressivement affirmée dans tous les domaines : éducation, emploi, politique, culture et société civile. Le taux de scolarisation des filles a connu une croissance spectaculaire, ouvrant la voie à une génération de femmes médecins, ingénieures, artistes et chercheuses. L’accès aux études supérieures a permis l’émergence d’une élite féminine active dans la construction du projet national tunisien.

La Tunisie moderne est le fruit d'un long combat pour l'émancipation, porté par des figures exceptionnelles. Parmi elles, des femmes ont tracé leur sillon avec audace et talent, que ce soit dans le domaine rigoureux de la médecine ou dans l'univers expressif des arts, ou les deux en même temps.

On ne peut évoquer l’histoire des femmes tunisiennes en médecine sans parler de la pionnière Tawhida Ben Cheikh qui a osé vaincre les Préjugés. Née en 1909 dans une famille aisée et éclairée, elle brise le plafond de verre de son époque en devenant, en 1936, la première femme médecin du monde arabe et musulman.

Son parcours est un modèle de résilience. Face aux sceptiques qui doutaient qu'une femme puisse exercer cette profession, elle persévère, soutenue par sa mère. Après des études de médecine à Paris, elle retourne en Tunisie pour servir son pays. Spécialisée en gynécologie-obstétrique, elle dédie sa vie à la santé des femmes, luttant pour leur émancipation et leur droit à des soins de qualité. Elle fut également une militante active pour l'indépendance de la Tunisie et la planification familiale.

Tawhida Ben Cheikh n'était pas qu'un médecin ; elle était un symbole. Elle a ouvert la voie, prouvant que le talent et la détermination n'ont pas de genre. Son héritage est aujourd'hui porté par des milliers de femmes tunisiennes qui excellent dans le domaine médical.

La flamme allumée par Tawhida Ben Cheikh n'a jamais cessé de briller. Aujourd'hui, les femmes tunisiennes sont des actrices majeures dans tous les secteurs, notamment la médecine et les arts explorant ainsi l'harmonie surprenante entre la science médicale et l'art en Tunisie. Il semble exister un pont fascinant entre ces deux univers a priori distincts. En Tunisie, cette connexion est à la fois ancestrale et moderne.

Dans la continuité de ces parcours féminins qui conjuguent savoir médical et expression artistique, mon expérience s’inscrit pleinement dans cette dynamique, témoignant d’un engagement personnel et professionnel riche de sens.

Née au Nord-Ouest de la Tunisie, au sein d’une famille où la musique orientale et tunisienne occupe une place privilégiée, j’ai grandi dans un environnement qui m’a offert très tôt une oreille sensible au répertoire traditionnel, notamment aux chansons tunisiennes de Saliha, Naama et Oulaya et bien d’autres célèbres chanteuses de l’époque. Cette imprégnation familiale contribue à façonner mon identité culturelle et artistique.

Docteure en médecine, j’ai complété mon parcours académique par plusieurs certifications professionnelles en management, coaching, techniques de communication ainsi qu’en analyse transactionnelle, couronnées par un mini MBA. Animée par une volonté constante de progresser, je me suis investi avec rigueur dans mon développement personnel et professionnel.

Actuellement médecin référent au sein d’une industrie pharmaceutique de renommée, je conjugue parfaitement expertise scientifique et compétences humaines, faisant de la réussite professionnelle un pilier essentiel de mon parcours.

Parallèlement à ma carrière médicale, la musique demeure mon domaine d’expression privilégié. Passionnée par le chant tunisien et oriental, je m’attache particulièrement à la sauvegarde et à la valorisation du Malouf tunisien et maghrébin. Mon engagement artistique s’incarne à travers ma participation à la Chorale Nationale, à Beit El Malouf (La maison du Malouf) relevant du ministère de la Culture et bien d’autres associations artistiques à orientation purement tarabi.

Mes ambitions futures reflètent ma double vocation ; c’est de poursuivre mon ascension professionnelle tout en développant une carrière professionnelle de chanteuse, portée par l’élaboration d’un répertoire tunisien personnel. J’aspire également à apprendre l’intégralité du Malouf tunisien, véritable patrimoine identitaire, à obtenir un diplôme en musique et à maîtriser le qanun, instrument emblématique de la tradition arabo-andalouse.

Il est à noter que le Malouf (nom signifie "familier") est une musique née au cœur de la Méditerranée, des voyages, des rencontres et des mémoires. Il puise ses origines dans l’Andalousie médiévale. À la suite de la reconquête chrétienne au XVe siècle, de nombreux musulmans et juifs quittent l’Espagne. Parmi eux, des poètes, des musiciens, des savants, porteurs d’un trésor artistique précieux : la musique arabo-andalouse. Ils trouvent refuge dans tout le Maghreb, et la Tunisie devient l’un de ces havres. Le Malouf s’imprègne ainsi des rythmes du pays, de son dialecte, de ses chants populaires et de sa spiritualité. Le Malouf est devenu ainsi ; l’un des plus beaux symboles de notre identité culturelle. De là, sa protection est devenue un enjeu culturel majeur en Tunisie, menacé par la standardisation et le manque de relève. Cette protection du Malouf est passée d'une préservation "de cour" à une approche multidimensionnelle qui combine l'enseignement institutionnel (Beit El Malouf, La Rachidia), la technologie (numérisation et archivage), la reconnaissance mondiale de l’UNESCO en 2023 et l'innovation artistique pour assurer sa survie face aux défis de la modernité.

De Tawhida Ben Cheikh aux artistes et médecins d'aujourd'hui, le parcours des femmes tunisiennes est une symphonie de courage, de talent et de résilience. Elles ont non seulement conquis des territoires autrefois interdits, mais elles les transcendent en créant des ponts inédits. Le lien entre la médecine et la musique en est la parfaite illustration : il symbolise une approche holistique de l'être humain, où soigner l'âme et le corps va de pair. En Tunisie, les femmes sont les chefs d'orchestre de cette harmonie essentielle pour l'avenir du pays.

À travers mon parcours pluriel, j’essaye d’incarner la femme tunisienne poussant la rencontre harmonieuse entre science et art, où chaque domaine nourrit l’autre avec passion, discipline, créativité et détermination à contribuer pleinement au rayonnement culturel et scientifique de la Tunisie.