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La Renaissance Africaine pour la libération, le développement, la paix durables en Afrique

Updated: Oct 4, 2021

Dialogue des générations des genres, des espaces


Babacar Diop


I / Renaissance et Education

Dans un ouvrage bien documenté, illustré avec des témoignages pertinents sur l’intéressante histoire de l’Ecole William Ponty qui a formé un certain nombre de cadres, intellectuels africains de l’espace francophone à l’époque coloniale et postcoloniale, nous avons pu relever un titre qui peut nous servir d’introduction.



















«Le samedi 8 décembre 1951 en fin d’après midi j’arrivai à Ponty en compagnie de mon inséparable ami Amadou Alassane Bousso. Ce que je découvris alors était simple merveilleux.

Une sorte de village de vacances avec une belle végétation composée d’arbres, notamment de manguiers et de toutes sortes de plantes ornementales, le tout procurant une indicible sensation de fraîcheur et de sérénité.


Le 14 janvier 1954, ce fut le tour du gouverneur Général de l’AOF lui-même, BERNARD CORNUT-GENTILLE de visiter l’école.

Mais Ponty, c’était surtout un esprit, une manière toute particulière d’être et de vivre. C’était d’abord concentrée dans un espace de quelques hectares, toute l’Afrique Occidentale Française car ils étaient tous là, Sénégalais, Mauritaniens, Guinéens, Soudanais, Ivoiriens, Dahoméens, Nigériens, Voltaïques fraternellement unis et s’enrichissant de leurs différences dans une sorte de merveilleuse osmose.

Ponty c’était le culte du travail bien fait, de la précision et de la rigueur, le culte de l’excellence sous la conduite ferme et vigilante de maître d’une bienveillante exigence. Ponty c’était enfin l’éducation à la liberté car c’est à Ponty que nous avons appris, que moi personnellement j’ai surtout appris à être véritablement libre, c’est-à-dire à assumer les contraintes de la liberté.


C’est à Ponty surtout que tous nous avons reçu cette formation qui nous a permis d’être des hommes responsables, de surmonter toutes les épreuves et de résister aux appels ensorceleurs des sirènes de la déviance.»

In 100 ans de la création de l’Ecole William Ponty, 1913 -2013 à l’initiative des Pontins pour le centenaire.


Ces propos auraient pu être appliqués à la devancière de Ponty. En effet, le professeur Abdoul Kane, auteur lui aussi d’un travail bien fouillé sur la longue histoire de l’Ecole de Médecine de Dakar, nous autorise à mieux suivre les linéaments de l’éveil des consciences en Afrique subsaharienne dans l’espace dit francophone


II / La place du Sénégal

Le professeur Abdoul Kane dans son ouvrage « Si l’Ecole de Médecine m’était contée», Dakar Presses Universitaires 2018) donne quelques indications qui permettent de mieux situer les contextes, les évolutions, le jeu des acteurs.






L’Afrique qui lutte engrange de nouveaux acquis.

De même qu’il y a eu des tirailleurs sénégalais, il y eut des «tirailleurs-la-pelle»: ce terme railleur et ironique désignait les recrues du service militaire, soumis au travail forcé et chez qui l’outil remplace le fusil entre les mains»? Mis en œuvre pour contrarier la «paresse nègre» des indigènes préférant «leur vie misérable mais libre et oisive au travail rétribué», le travail forcé fut même utilisé par la France grâce à des méthodes de persuasion souvent peu amenés: « discipline de fer et usage intempestif de chicotte, hygiène et nourriture plus que défaillantes, salaires de misère», «Travail forcéné et démesuré», dira Elikia MBoloko. Il sera aboli en 1946, après le vote de la loi portant le nom d’un certain Houphouet-Boigny qui en fut l’initiateur et le rapporteur.

Plus tard, en 1952, fut promulgué le code du travail d’outre-mer qui reconnut aux Africains le droit aux congés payés et aux allocations familiales et limite le temps de travail.

La formation des sages-femmes autochtones démarre en 1918 au sein de l’Ecole de Médecine de Dakar, avec comme centres d’application l’hôpital Indigène (qui deviendra Hôpital Aristide Le Dantec), la Maternité indigène, la crèche et l’Institut d’Hygiène Social. Les élèves sages-femmes provenaient d’écoles primaires ou des orphelinats de métisses. La première promotion de sages-femmes auxiliaires en 1921. Ces sages-femmes assuraient des accouchements mais jouaient également un rôle dans la formation des matrones ou encore l’éducation des mères.

C’est seulement après la deuxième guerre mondiale que les femmes ont eu accès au Baccalauréat et aux études supérieures.



Une autre grande figure masculine, cette fois-ci a eu un traitement particulier dans l’ouvrage.




On juge l’homme subversif, avec un «esprit sénégalais», qualificatif attribué à ceux qui, dans l’esprit colonial , auraient des velléités contestataires.


L’esprit sénégalais, lui coûtera encore une «mutation -sanction» à Dimbokro en février 1937.


La suite de l’histoire de celui que les Ivoiriens appellent le «Vieux», en effet , plus connue: le chef coutumier et planteur prospère deviendra leader syndical du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) né du Syndicat Agricole Africain) puis du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), député africain à l’Assemblée Nationale française, Ministre et Président de la République de Côte d’Ivoire.




Toutefois, il faut préciser que la réflexion sur la Renaissance Africaine est un exercice qui doit tenir compte de strates diachroniques et synchroniques, internes et externes à l’Afrique. Nous aurons l’occasion d’explorer ces différentes dimensions dans le programme annuel et quadriennal de la chaire.


En attendant on peut revenir sur le foyer incandescent que fut la ville de Paris et d’une manière générale la France qui a accueilli certains étudiants dakarois.


III / Afrique sur Seine et la Noire de...


Ces deux titres de célèbres cinéastes sénégalais (S. Vieyra et Sembène Ousmane) traduisent des dynamiques à la fois littéraires, artistiques, politiques, économiques et idéologiques.


Nul mieux qu’Amadi Ali Dieng n’a traduit les perspectives de jeunes étudiants africains, leurs sentiments à l’égard de certains de leurs aînés.

Dans les annexes de son ouvrage consacré à ses «Mémoires d’un étudiant africain, vol. I (1945-1960, Dakar, Codesria, 2011) il informe sur le tournant qu’a constitué le IIIe Congrès du RDA.