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Pourquoi l’Initiative « Les Sociétés Que Nous Voulons »

Mme Ramata Almamy Mbaye

Directrice du Secteur des Sciences Humaines et Sociales - ICESCO


La pandémie de la Covid-19 est la dernière d’une longue série de crises qui ont frappé le monde à l’ère de la globalisation, révélant nos fragilités et la nécessité de repenser nos sociétés. La crise multiforme à laquelle le monde fait face s’est révélée sous plusieurs formes au cours des décennies précédentes, nous envoyant de façon continue des signaux sur la nécessité d’agir et de s’embarquer dans des processus transformation profonde de nos sociétés.


C’est dans ce cadre, qu’à travers sa Direction des Sciences Humaines et Sociales, l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) a lancé l’Initiative « Les Sociétés que Nous Voulons » qui vise à répandre les connaissances, les programmes et les pratiques innovants qui contribuent à construire des sociétés pacifiques, prospères, inclusives, résilientes et durables, avec une garantie de bonne santé.


Cette publication s’inscrit dans le cadre d’une série qui vise à partager les connaissances et vulgariser les meilleures pratiques qui permettront à nos États de construire les Sociétés Que Nous Voulons. Elle s’inscrit donc dans un cadre d’échange de connaissances issues de la recherche, mais aussi de la pratique des États pour pouvoir nourrir un dialogue politique et des débats intellectuels fructueux au service de nos États membres et de nos sociétés.


Dès lors, le SWW Journal constitue donc la manifestation concrète de la vision du Directeur Général de faire de l’ICESCO un phare de savoir qui illumine le monde islamique et au-delà. Nous espérons que les décideurs politiques, la communauté scientifique, les chercheurs, les acteurs de la société civile vont se l’approprier pour partager leurs points de vue tirées de leurs pratiques et de leurs expériences, afin d’en faire un vivier devant produire les idées qui forgeront les Sociétés Que Nous Voulons.


Avec la Covid-19, notre monde vit aujourd’hui un naufrage sanitaire et social qui met en péril nos acquis dans les tous les domaines, tel qu’énoncé tout à l’heure par le Directeur général de l’ICESCO, Dr Salim AlMalik.


Durant les dernières décennies, les crises sont en effet succédées, tantôt sur le sur le plan social, avec la montée des inégalités et les multiples défis à la paix et à la sécurité ; sur le plan économique, avec les crises financières et l’augmentation de la pauvreté ; sur le plan environnemental avec les changements climatiques ou sur le plan sanitaire avec les récurrentes épidémies, dont nous trouvons aujourd’hui la manifestation la plus sévère avec la Covid-19.


C’est dire donc, que nous ne pouvons plus en tant qu’humanité continuer à ignorer les crises sans y apporter des réponses durables en repensant nos sociétés, en puisant au plus profond de nos ressources symboliques et de nos valeurs positives. De ce point de vue, l’ICESCO, qui dans sa nouvelle vision comme le rappelle Son Excellence Le Directeur général Dr Salim AlMalik, se veut un phare qui illumine le monde islamique et au-delà, a un rôle clé à jouer dans ce processus de transformation positive.


La forte menace qui plane sur l’humanité avec la pandémie du coronavirus vient remettre en question des siècles de certitude et d’assurance, mais en même temps, elle sonne comme un énième signal pour une humanité à repenser, pour des sociétés à construire. Toute crise porte, en effet, aussi bien un élément de danger que d’opportunité.


Nous aspirons au moment où le monde est fermé, mais aussi quand le monde sera réouvert, à une société plus inclusive qui se préoccupe du sort de tous, et en priorité, de celui des plus faibles et des plus fragiles autour d’un modèle solidaire.


Une société solidaire qui assure une meilleure distribution des richesses, qui met l’éducation et le capital humain au cœur de ses priorités et qui lui consacre les ressources humaines et matérielles nécessaires.


Une société qui offre des services publics de qualité, gratuits, particulièrement en santé ; une société ouverte à la diversité et à l’inclusion sans discrimination aucune, une société qui s’occupe avec respect et considération des vieilles générations et du patrimoine socioculturel.


Une société plus juste, plus égalitaire offrant les moyens de vivre décemment quelques que soient les obstacles et les difficultés ; parce que les inégalités de tout genre empêchent les États de réaliser leur plein potentiel en excluant des forces importantes dans le processus de construction nationale. Les inégalités de genre sont particulièrement préoccupantes. Ces inégalités s’expriment aussi bien par les violences faites aux femmes que par leur difficile accès aux opportunités économiques.


Des sociétés inclusives, parce que dans les pays du monde arabe, par exemple, on estime à 37% la proportion des femmes qui ont subi des violences domestiques. Le mariage précoce reste aussi un phénomène répandu dans les pays du monde islamique, avec des proportions qui peuvent atteindre plus de 45% en Afrique de l’Ouest et Centrale. Cela a un effet sur le taux de décrochage scolaire des jeunes filles, ainsi que sur les décès maternels qui sont la première cause de mortalité des adolescentes. Les mutilations génitales féminines bien qu’en recul restent aussi une préoccupation fondamentale parmi les violences basées sur le genre.


Dans certaines républiques d'Asie centrale, par exemple, les inégalités de genre dans l'accès à l'emploi restent importantes. Ainsi en Ouzbékistan, 76,2% des hommes de plus de 15 ans sont sur le marché du travail contre 48.3% des femmes. Au Tadjikistan et au Kirghizistan, ces ratios sont respectivement de 77.5% et 77.1% des hommes contre seulement 55.4% des femmes. En Afghanistan, 19% des femmes seulement sont sur le marché du travail contre 83.6% des hommes.


Des sociétés pacifiques, parce que la paix est au cœur du processus de construction d’un capital humain fort. Dans plusieurs parties du monde islamique, les défis à la paix et la sécurité constituent de véritables obstacles à la construction d’un capital humain fort. Ainsi, dans des régions comme le Sahel et le bassin du lac Tchad, les conflits qui y ont cours actuellement ont engendré 4.2 millions personnes réfugiées et déplacées, dont 2 216 000 pour le Nigeria et 335 000 pour le Mali. Le terrorisme qui est un fléau mondial touche aussi fortement les pays du monde islamique, avec 91,2% des victimes qui en sont originaires. Au Moyen Orient, les conflits armés qui se généralisent font payer un lourd tribut aux États, avec des pays comme la Syrie et l’Irak qui ont enregistré un déclin du niveau de la vie respectivement de 23 % et 28 %


Des sociétés prospères et durables qui œuvrent à produire la richesse tout en préservant la première des richesses c’est-à-dire l’environnement qui est le cadre naturel d’expression de notre humanité commune.


Des sociétés avec des citoyens en bonne santé, car nous ne pouvons aspirer à un capital humain fort sans garantie de bonne santé. Quand nous parlons de bonne santé, nous faisons référence à l’ICESCO, à la santé nutritionnelle, mentale, et physique.


Il s’agit donc en définitive, à travers l’Initiative de promouvoir des sociétés centrées sur l’humain. Des sociétés qui font de l’être humain aussi bien le moyen que la finalité de tout développement.


Pour ce faire, l’ICESCO propose le projet de société qui tourne autour de trois axes d’actions :


1- la mise en place d’une coalition de partage des connaissances et d’approche innovante avec un accent particulier sur l’assistance humanitaire et la religion pour la paix et la cohésion sociale afin de contribuer à la construction de société en paix, prospère, inclusive et résilience.


2- l’élaboration de solutions afin de faire face à l’impact de la distance sociale sur l’éducation et le développement économique mettant l’accent sur l’investissement dans les ressources locales.


3- Le soutien des recherche-actions visant à réduire les effets de la pandémie sur le fonctionnement de nos sociétés. Ce troisième volet est d’autant plus nécessaire que la collecte et la triangulation d’information à jour forme la base de toute action stratégique.


Le projet « Les Sociétés Que Nous Voulons » présente une vision commune de mobilisation des ressources axés sur le soutien humanitaire. L’ICESCO déploie des ressources de mobilisation et d’action afin d’impliquer les acteurs formant les tissus des sociétés musulmanes.


« Les Sociétés Que Nous Voulons » sont celles qui sont le mieux préparées pour faire face aux menaces à notre développement commun. Les “sociétés que nous voulons” place l’action au cœur de la recherche pour des solutions viables et efficaces. Cet appel à une union plus forte, commence dès aujourd’hui, par votre participation à cet échange.


C’est cela tout le sens de l’Initiative « Les Sociétés Que Nous Voulons ». Il s’agit de promouvoir par la réflexion et par l’action l’avènement de sociétés pacifiques, résilientes, inclusives, prospères, durables, afin de changer le cours de l’avenir de l’humanité tout entière.


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